Revue de presse : Roumanie: Petrila, symbole de l’extraction minière, « enterrée » après 156 ans
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Petrila, mine la plus ancienne de Roumanie et aujourd’hui encore la plus profonde d’Europe, avec des puits descendant à 940 mètres dans les entrailles de la terre, avait été ouverte sous l’empire austro-hongrois. Elle avait connu un pic de production en 1983, lorsqu’elle avait livré 1,2 million de tonnes de houille, contre à peine 110.000 tonnes l’année dernière. Depuis le lancement en 1997 d’un programme visant à rentabiliser ce secteur, accompagné de licenciements massifs, la vallée du Jiu, dans le sud-ouest de la Roumanie, première région minière du pays, n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Sous le régime communiste, elle employait jusqu’à 55.000 mineurs. Elle n’en compte plus aujourd’hui que 6.000 à 7.000. Ces 25 dernières années, ces mines ont avalé des centaines de millions d’euros de subventions.
– Vendue à la ferraille –
Mais la Roumanie, pressée par l’Union européenne dont elle est membre depuis 2007, s’est engagée il y a quatre ans à mettre graduellement un terme aux aides de l’Etat à l’extraction et à se tourner vers des sources d’énergie non polluantes Sous le communisme, les bâtiments administratifs et les couloirs sombres menant aux puits de Petrila grouillaient de mineurs. Ces derniers jours, quelques dizaines à peine faisaient encore la queue pour s’équiper de lampes, avant de descendre dans les galeries où la température peut monter jusqu’à 60 degrés Celsius.
Après le 1er janvier, les équipements, dont un gigantesque moteur Siemens qui a fonctionné sans discontinuer depuis 1945, et les chariots utilisés pour le transport du charbon, seront vendus à la ferraille. La plupart des bâtiments, remontant pour certains au début du XXe siècle, seront rasés. Sans la mine, la petite ville de Petrila « n’a plus aucun avenir », déplore Adrian Damian, un mineur âgé de 42 ans.(…)
Deux autres mines de la région, Paroseni et Uricani, fermeront d’ici fin 2017, dans le cadre du calendrier convenu avec Bruxelles.
– « Une énorme perte » –
Les gouvernements successifs ont estimé que « la Roumanie n’avait plus besoin de charbon », regrette le directeur de la mine, Ion Simion, dans une interview à l’AFP. « C’est une énorme perte au niveau économique et social », dit-il. Selon lui, rien n’a été fait depuis 1997 pour sauver la vallée du Jiu. Il évoque des projets visant à encourager le tourisme, y compris par la construction de routes, qui donneraient du travail aux chômeurs. Mais pour l’instant, « il ne s’agit que de promesses », dit-il.
Vendredi, dernier jour d’activité à Petrila, l’heure est à la nostalgie.