Coq! Animal et emblème
Coq ! Animal et emblème
Une exposition du MuseoParc Alésia et du Musée Buffon de la ville de Montbard
Dates de l’exposition temporaire en lien avec le catalogue : du 28 avril au 30 novembre 2018
Situés dans le département de la Côte-d’Or, sur le territoire de l’Auxois Nord, le Musée et Parc Buffon de Montbard et le MuséoParc Alésia organisent et présentent conjointement une exposition en deux volets sur la thématique du coq, d’avril à novembre 2018.
Il s’agit d’aborder cet animal domestique populaire et emblématique selon les problématiques propres à chaque structure de manière complémentaire :
- les aspects scientifiques et naturalistes du coq au Musée et Parc Buffon ;
- les aspects symboliques de l’Antiquité jusqu’à nos jours au MuséoParc Alésia.
DEUX STRUCTURES POUR UN MÊME PROJET
Les espaces d’exposition temporaire questionnent l’héritage de Buffon et Daubenton par une double approche, scientifique et artistique. Le Parc Buffon (Tour de l’Aubespin, Tour Saint-Louis, cabinet de travail, salles souterraines et remparts, Église Saint-Urse) est un ensemble patrimonial classé Monument Historique.
L’exposition est basée sur les avancées des connaissances scientifiques sur les compétences des animaux et l’histoire des relations hommes/animaux en passant par différentes époques et cultures. Elle aborde la question très actuelle, mais aussi d’avenir, du bien-être et des droits des animaux.
Le MuséoParc Alésia, basé à Alise-Sainte-Reine (21150), est un équipement pédagogique, culturel et touristique réalisé par le Conseil départemental de la Côte-d’Or et géré dans le cadre d’une délégation de service public par la société publique locale, SPL Muséoparc Alésia. Le site offre aux visiteurs trois composantes distinctes pour une découverte dynamique et attractive de son histoire :
- le Centre d’interprétation propose de comprendre et revivre les batailles et le siège d’Alésia qui opposa en 52 av. J.-C. les armées de Jules César et Vercingétorix ;
- les vestiges archéologiques de la ville gallo-romaine d’Alésia évoquent la civilisation, mélange de cultures gauloise et romaine, qui naît après la conquête de César ;
- la statue de Vercingétorix érigée en 1865 à la demande de Napoléon III commémore le succès de ses recherches archéologiques à Alésia.
Les expositions temporaires sont un des axes forts de la programmation du MuséoParc Alésia. Au Centre d’interprétation, elles enrichissent l’approche proposée dans les espaces permanents en développant une thématique particulière liée aux civilisations gauloise ou romaine.
En présentant une exposition sur le coq, il s’agit de faire la lumière sur la symbolique de cet animal, emblème non officiel de la France, intimement lié aux Gaulois mais aussi souvent confondu avec la race du coq gaulois doré.
Le partenariat entre les deux structures ne se limite pas seulement à l’organisation de cette exposition mais prévoit également l’édition d’un catalogue afin de sceller cette première collaboration et de garder une trace pérenne du projet. Cet ouvrage sera l’occasion de rassembler les œuvres d’art, objets exposés et les discours scientifiques abordés sur les deux sites. Des articles rédigés par des chercheurs et spécialistes dans des domaines variés (sciences naturelles, histoire, archéologie, sociologie…) viendront compléter et approfondir les thématiques abordées dans l’exposition.
DEUX DISCOURS SCIENTIFIQUES COMPLÉMENTAIRES
POINT DE VUE NATURALISTE AU MUSÉE ET PARC BUFFON
« S’il n’existait point d’animaux la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible. » Georges Louis Leclerc de Buffon, Discours sur la nature des animaux, 1753
LE COQ ET SES REPRÉSENTATIONS
Le point de départ de l’exposition est basé sur les descriptions et les estampes qui parcourent l’Histoire naturelle, générale et particulière de Buffon. A travers tableaux, gravures et illustrations du XVIIIe siècle, l’exposition questionne les attributs de cet animal sous sa forme domestique et sauvage. Ce rapport entre l’homme et l’animal est un axe d’étude indissociable de l’approche biologique. Très présent dans l’Histoire naturelle, le regard de l’homme sur l’animal et l’inspiration que celui-ci lui donne est à interroger : qu’en est-il de notre perception du coq aujourd’hui ?
LE COQ DANS LES CULTURES EXTRA-EUROPÉENNES
Ce regard sur l’animal est-il le même partout dans le monde ? L’exposition permet ainsi d’aborder un aspect moins connu de l’Histoire naturelle de Buffon, à savoir l’approche anthropologique qui parcourt son œuvre. Il est donc ici question de comprendre la manière dont est perçu l’animal dans les cultures extra-européennes par le biais d’objets ethnographiques.
ANATOMIE DU COQ
A la manière des dioramas mis en place dans les Muséums au XIXe siècle, ce chapitre interroge les origines fossiles de l’animal et propose une approche biologique. Aujourd’hui, les techniques de la biologie moléculaire accélèrent encore la métamorphose de certains animaux que nous avons domestiqués. L’étude du coq dans l’histoire du vivant et dans l’évolution du rapport homme-animal amène progressivement au débat sur la condition animale.
LA PRISE EN COMPTE DE LA CONDITION ANIMALE
Quelle est la condition des animaux dans notre société ? Si la science les considère aujourd’hui comme des « personnes non humaines », c’est-à-dire des êtres qui, pour la plupart, sont conscients et autonomes, développent des relations sociales… ils sont également des biens consommables. L’exposition propose de mettre en débat cette question d’actualité autour du bien-être et des droits des animaux.
POINT DE VUE SYMBOLIQUE AU MUSÉOPARC ALÉSIA
D’où vient le symbole du coq gaulois ? L’animal était-il sacré à l’époque gauloise ? Comment a-t-il pu être aussi bien un attribut des rois de France puis des révolutionnaires et des républicains ? Pourquoi est-il très représenté aujourd’hui sur les clochers et dans les stades ? Le coq est-il toujours un symbole de la France au-delà de nos frontières ?
L’exposition tentera d’apporter un éclairage nouveau sur ces questions grâce à la collaboration de spécialistes dans différents domaines (histoire, archéologie, histoire des arts…) et à la présentation de pièces archéologiques, oeuvres et objets d’art ainsi que des objets du quotidien.
À L’ORIGINE : UN JEU DE MOT
Dans l’Antiquité, le coq est notamment associé aux Gaulois, en raison du jeu de mots sur le terme latin gallus désignant à la fois l’animal et l’habitant de la Gaule. Ainsi dans la Guerre des Gaules, César rapproche la vaillance des Gaulois de celle du coq. Peut-être aussi est-ce une moquerie : il compare ses ennemis à un animal à la tête de la basse-cour !
Si le coq figure sur divers objets et monuments de l’époque gauloise et surtout gallo-romaine, il ne s’agit pas encore d’un emblème ou symbole d’une nation mais plutôt d’un attribut lié à plusieurs divinités telles Mercure, Apollon, Minerve et Mars. Associé au soleil, il a un rôle important dans la mythologie et la religion gallo-romaine.
OUBLIÉ, RIDICULISÉ PUIS GLORIFIÉ AU MOYEN ÂGE
Disparu ou discret au haut Moyen Âge, le coq devient dans certaines encyclopédies et littératures zoologiques presque ridicule. À partir du XIIe siècle, il est utilisé en Angleterre et en Allemagne pour caricaturer les rois de France : vaniteux, sots, querelleurs… Si bien que Louis VII ou Philippe Auguste lui préfèrent l’aigle. Le recours à l’image du coq, à l’étranger, pour dénoncer, condamner ou ridiculiser la politique française sera constamment repris jusqu’au XXe siècle. À tour de rôle, le coq rivalise avec l’aigle germanique, le léopard anglais, les lions espagnols ou néerlandais, l’ours russe…
Petit à petit, la symbolique du coq pourtant peu valorisée par les fables, fabliaux, bestiaires, miniatures, etc. devient assumée et glorifiée grâce à des textes et des sermons réhabilitant ses vertus. L’animal chante le lever du jour, éloigne les démons de la nuit, invite les fidèles à se repentir… Il se métamorphose en symbole chrétien, représenté parmi les instruments et symboles de la Passion du Christ ou sur les clochers d’église.
DE LA ROYAUTÉ À LA RÉVOLUTION… SANS PERDRE UNE PLUME !
Attribut officiel assumé de la royauté, le coq est utilisé par les Valois, puis par les Bourbons, en particulier par Louis XIV en référence à l’oiseau des dieux Apollon et Mars. D’ailleurs, le Roi-Soleil crée un ordre architectural nouveau qualifié de français, mêlant coq et fleur de lis. À la Révolution française, le coq est le protecteur de la République. Pendant la monarchie de Juillet, Louis Philippe le considère comme une image propre à la réconciliation des Français.
Incarnant à la fois le souverain, le peuple français, l’Etat et la nation tout entière, le coq décline son image, triomphale sous la royauté puis rurale pendant la Révolution, sur des supports variés : peinture, gravure, estampe, médaille, vaisselle, monnaie, sceau…
SYMBOLE DES RÉPUBLIQUES PAR EXCELLENCE
Abandonné sous Napoléon Ier (« Le coq n’a point de force, il ne peut être l’image d’un empire tel que la France »), dédaigné par Napoléon III, le coq est repris dès la IIe République puis par la IIIe et la IVe République. Il orne les nombreuses marques officielles : sceau, hampe de drapeaux, monnaie, timbre, cachet, insigne, grille de l’Élysée…
Dès la fin du XIXe siècle, il est vraiment “gaulois”. Nos fameux ancêtres sont désormais populaires et Vercingétorix est un héros national. Le terme “coq gaulois” prend alors pleinement son sens. D’ailleurs, les découvertes archéologiques d’objet représentant cet animal sont saluées comme preuves de son statut emblématique chez les Gaulois, sans recherches approfondies sur le sujet et en laissant planer l’idée erronée d’une nation gauloise unie.
Pendant les deux guerres mondiales, le coq, patriotique et parfois résistant, est très présent sur les affiches, caricatures, objets du quotidien, dans les chants, les poèmes et sur les monuments aux morts.
Aujourd’hui, il est un attribut non officiel, mais consensuel repris aussi bien dans la publicité, le cinéma, l’agroalimentaire que dans le sport, voire dans le domaine high-tech des startups !
FUTUR EMBLÈME OFFICIEL DE LA FRANCE ?
Officialiser ou non le coq comme emblème de la France, la question n’a pas cessé d’être discutée et disputée depuis la Révolution. Certains voient dans l’animal un symbole capable d’unir tous les suffrages car il a traversé les âges et les régimes politiques, quand d’autres dénoncent le “prétendu coq gaulois” trop représentatif de la chrétienté ou de la royauté, notamment de la Monarchie de Juillet. La liste des qualités et défauts associés au coq est longue : courageux, vaillant, fier, vigilant, éloquent, lucide et victorieux ou vaniteux, batailleur, sot, coléreux, fanfaron, ridicule, lubrique… Le calembour créé par les Romains ou les railleries des pays voisins sont aussi des arguments souvent utilisés contre le coq.
En Wallonie, un consensus se crée rapidement autour du coq, adopté officiellement comme symbole dès 1913. Pour se démarquer, le coq wallon est “hardi”, c’est-à-dire représenté sur les armoiries et le drapeau avec une patte levée, prêt à combattre.
En France, le débat est assez virulent, notamment dans la presse, à la fin du XIXe siècle, début du XXe, quand la République cherche un emblème pour remplacer les initiales “RF” sur les écussons. Finalement, c’est Marianne le symbole officiel retenu mais le coq compte toujours de fervents partisans…